Se construire un “chez moi” quand on vit à l’étranger

J’aurai mis du temps à me décider à répondre à l’appel de “La maudite française” et de French Lilly pour parler de ce qui fait mon chez moi ou tout du moins ce qu’il reste de cette sensation de chez moi, ici aux Etats-Unis. Cela fera bientôt 10 ans que nous avons quitté notre pays au départ pour une expatriation à durée limitée, puis par la force des choses pour une immigration voulue. Et depuis que nous sommes installés dans le Kansas, j’ai mesuré combien il était difficile de se construire en se sachant pertinemment une étrangère. Et pourtant, ce n’était pas ma première expatriation, et il est des endroits où on a 100 fois plus de raisons de se sentir étrangers.

Les expatriations successives

De vrai chez moi, je n’en ai pourtant plus depuis bien longtemps. J’ai grandi en région parisienne, près de Versailles, mais je l’ai quittée à l’âge de 11 ans pour Lyon. Lyon, j’y ai habité de mes 11 ans à mes 25 ans : Lyon était devenu ma maison, ma ville. Parallèlement, mes parents ont acquis un chalet en montagne dans la vallée de Vallouise. Cela a été finalement le point de ralliement de nos vacances depuis lors.

Quand j’étais expatriée à Taipei, j’étais une étrangère, et cela se voyait sur mon visage. La population de Taipei étant très bienveillante envers les étrangers, je me suis rarement sentie rejetée. Nous avions notre chez-nous, et surtout des tas d’habitudes qui nous avaient fait adopter cet étrange pays aux us et coutumes si différentes des nôtres. Et même si nous avions du mal à nous fondre dans la population locale, nous ressentions à notre égard une indifférence polie. Je m’y sentais un peu chez moi malgré tout : enfin, cela a été mon chez moi pendant plus de 3 ans. Je m’étais habituée … je m’étais habituée à vivre un peu en marge de cette société. J’avais mes points de repère, une maison : nous avions recréé un chez nous, pour nous, pour nos enfants. Mais le séjour était forcément limité dans le temps.

Quand je suis revenue à Grenoble, j’ai tout de suite repris racine : la sensation était là : j’avais déjà mes repères, je comprenais ce que l’on me disait, mais surtout j’avais ce sentiment de comprendre au delà des mots. Bref, je n’avais plus le filtre de cette différence culturelle que l’on ressent souvent quand on réside à l’étranger. J’avais en plus cette sensation, de facilité qui me faisait dire que oui, j’étais chez moi.

Et nous sommes partis de nouveau, cette fois-ci aux Etats-Unis. J’ai survolé les 3 premières années sur place : nous étions en Californie. La vie y était douce, et nous avons beaucoup voyagé alors : c’était à la fois un étourdissement mais aussi une façon peut-être de fuir cette vie somme toute artificielle. Je n’aimais pas trop notre maison, je ne m’y suis jamais sentie chez moi : bizarre sensation d’être dans ses murs trop hauts et froids. Nous vivions dans un environnement cosmopolite, les amis étaient français la plupart du temps. Je n’ai pas eu le temps de me demander si j’étais chez moi ou pas. Le temps est passé vite. Je garde un souvenir sympa de cette période.

C’est en arrivant dans le MidWest que les choses ont changé. Pourquoi ? Parce-qu’il a fallu se trouver des points de repères tout seuls. Nous arrivions dans un nouvel endroit sans connaître personne. Les enfants allaient quant à eux dans des écoles publiques américaines. Nous avons passé les premiers mois de cette nouvelle expatriation, totalement seuls en explorant seuls les environs, en cherchant seuls les endroits où nous pouvions faire les courses, visiter etc … et puis peu à peu, nous avons commencé à nous repérer dans la ville et à nous faire des amis français au début. Nous sommes une petite communauté francophone : certains sont là depuis très longtemps, d’autres sont de passage, mais il existe toujours un lien entre nous, une entre-aide et certaines affinités se lient entre nous.

Se sentir chez soi : avoir des racines ?

Un autre sentiment s’est souvent immiscé dans ma sensation d’être une étrangère et de ne pas être chez moi. J’ai mis du temps à comprendre que mon absence de racines dans ce pays, m’empêcherait la plupart du temps de m’y sentir chez moi. Cela ne se voit peut-être pas que nous sommes étrangers mais cela s’entend. Aux premiers mots échangés, on entend mon accent. Et même si mon histoire est toujours accueillie de façon positive, et qu’elle se termine souvent par la phrase : “et finalement, nous sommes devenus “American Citizen in 2015”, le sentiment persiste que nous ne sommes pas à 100% des citoyens américains mais des immigrants. La question arrive alors souvent sur : “mais alors, le reste de votre famille est restée en France ?”

Et oui, nous ne sommes pas nés ici, nous ne sommes pas d’ici et ils le savent. Nos racines sont ailleurs. Nous ne sommes pas vraiment chez nous.

chez moi
La vue devant chez moi

Mais comme nous avons fait de cet endroit notre lieu d’habitation, il a bien fallu peu à peu se créer des liens localement : liens invisibles et liens visibles : alors concrètement, comment j’ai fait ?

Les 5 étapes vers la création de mon chez moi

Je me rappelle que j’avais quand même ressenti comme un soulagement et un sentiment d’assurance, quand j’avais fini d’installer notre maison, et surtout accroché les tableaux au mur. Nous avions reformé notre nid. C’était une première étape.

La seconde étape a été de se forger des points de repères : ils sont peu à peu devenus des habitudes. Nous avions moins besoin du GPS pour nous repérer. Les tensions tombaient, les habitudes prenaient forme : cela devenait notre zone de confort.

J’aime appeler cet endroit, le début du reste du Kansas !

La troisième étape a été de s’implanter socialement. Et c’est là que les difficultés ont été les plus importantes.  Si les voisins ont été sympa en venant nous parler spontanément pour nous souhaiter la bienvenue, cela n’est pas allé plus loin. S’insérer c’était aussi pour moi me sentir une appartenance à une communauté. Là aussi cela n’a pas été facile. C’est à travers l’école de mes enfants que j’ai commencé mais cela n’a pas été facile loin de là. J’ai toujours eu cette sensation d’être à côté de mes pompes, mettant beaucoup de temps à comprendre certaines situations pourtant si courantes ici.

Je commence à peine au bout de 6 ans à me sentir une certaine familiarité avec les gens. Il faut dire qu’après 3 enfants se succédant en High school et particulièrement en musique, les visages sont devenus familiers : on échange plus facilement, surtout avec les parents des amis de ses enfants : cette convivialité adoucie ce sentiment d’étrangeté.

Je ressens cependant, un énorme décalage avec la population locale parfois. Nos valeurs sont loin d’être communes et cela va assez loin. D’un point de vue religieux et sociale tout nous oppose parfois. J’ai parfois un peu de mal à faire abstraction de ces différences de vue et de comportement. C’est d’autant devenu plus important depuis l’élection de Trump. Il a fallu au détour de plusieurs conversations faire attention à ce que l’on disait car certains signaux nous indiquaient que nous étions en terrain miné. Notre écoeurement et notre révolte n’étaient pas forcément ce que nos interlocuteurs ressentaient.

Concernant l’éducation des enfants, je me suis souvent retrouvée en situation, où j’étais à 100 lieux de ce qui était d’usage localement : en sortie scolaire, lors de goûters d’anniversaire. Bizarrement, c’est souvent avec des étrangers que nous arrivons le plus à discuter et trouver des sujets de conversation où tout coule naturellement. Et parfois, c’est même avec des gens de culture totalement différente que nous arrivons à créer des liens. Je me souviens d’un goûter d’anniversaire, où j’étais au milieu de mamans que je connaissais depuis quelques temps. La discussion s’éternisait sur un sujet dont je n’arrivais même pas à comprendre le sens. Et puis, il a fallu d’un rien et je me suis retrouvée à discuter avec une maman japonaise et nous avons passé le reste de l’après-midi à discuter.

Mais pourquoi pas le dire, mon accent et parfois ma façon de parler en éloigne plus d’un. Ou alors, c’est moi qui ne comprends pas tout. J’ai fait d’énormes progrès, je peux écouter pendant des heures des programmes en anglais, mais parfois, au détour d’une conversation, le barrage de la langue me revient en pleine figure. J’y travaille mais c’est un point que l’on ne peut pas perdre de vue.

La 4ème étape a été de s’approprier culturellement l’endroit. Ecrire ce blog m’a permis de me fixer un but et partir à la découverte de mon espace pour le comprendre. J’ai été passionnée par l’Histoire locale, par la richesse culturelle de ses musées. La musique a aussi fait partie de cette acclimatation. Pour mes enfants qui ont fait de leurs années de high school, une place de choix dans la musique. Mais aussi, dans l’approche de cette ville, Kansas City qui vibre par la musique. Le sport aussi a fait partie de cette approche. Entre les matchs de football américain, baseball et football tout court.

La 5ème étape : la plus subtile a été finalement de comprendre ce qui importait le plus: une connexion dont je n’avais même pas mesuré à quel point, elle avait une place prépondérante dans ma vie : cette connexion à la nature dont j’ai tant besoin. Je l’ai réalisé peu à peu à mon insu. Ce qui est sûr c’est que pour moi, la vision du champ derrière ma maison, me fait me sentir chez moi : le vert apaisant, le bruit des oiseaux et le passage des biches m’apportent un sentiment très fort. C’est là que je vais la plupart du temps, quand je veux méditer : sur les marches de ma terrasse face à ce champ.

Et enfin, se sentir chez soi ne tient parfois qu’à un fil

Mais finalement, c’est au détour d’une conversation assez amusante que j’ai réalisé ce qui pourrait faire que je me sente à, disons, 80% chez moi. C’était il y a peu de temps. Lors d’un dîner de collecte de fonds pour le département musique de l’école, j’étais en train de trier des fiches avec une maman avec qui j’échange de temps en temps depuis quelques années. J’avais mis ce soir-là, une veste de l’université de ma seconde fille : Colorado State University à Fort Collins. La maman m’a regardée et m’a dit : “mais c’est là où j’ai grandi”. On a commencé à discuter de Fort Collins et je lui ai dit combien j’aimais cet endroit et j’ai dit spontanément : “when I’m there, I feel, It’s like home.” Elle a répondu que c’était pour elle aussi cela. Je me suis interrogée sur cette affirmation que j’avais faite presque malgré moi, sans y réfléchir. Pourquoi avais-je dis que Fort Collins au Colorado était un peu comme être à la maison, chez moi. Je crois que j’en ai compris le sens cette semaine lors de mon séjour à la montagne à Breckenridge : c’était le facteur Montagne. Quand je suis à la montagne, je revis : les plaines plates du Kansas apportent peu de reliefs. J’ai souvent dit d’ailleurs que j’aimerai abolir les 900 km de plaines qui séparent Kansas City des Rocheuses. Ajoutez à cela, un Etat plus décontracté que le Kansas, et vous trouvez l’équation idéale pour me trouver pleinement chez moi, mais cela fait encore partie du rêve.

Conclusion

Les années ont passé et même si effectivement, je me sens un peu chez moi, que je suis à l’aise pour me repérer, que j’ai de nombreux amis, il en reste néanmoins que peu à peu, j’ai compris que cette sensation de chez moi était quelque peu artificielle. Nous sommes devenus américains mais ce n’est pas pour autant que nous avons fait de ce pays notre maison à part entière. Ce sont des petits rien qui te reviennent en pleine figure qui te font comprendre, que non, tu n’es pas chez toi. Ce sont des différences culturelles pour lesquelles tu n’adhères pas du tout, qui te font te sentir étrangers.  Mais pour se sentir chez soi quand même et s’épanouir dans cette terre d’accueil, il faut savoir réunir certains ingrédients qui t’apporteront un sentiment de sécurité et d’apaisement, bref, te feront de sentir dans ta zone de confort.

En fait, nous avons recréé un monde nouveau avec de nouveaux éléments que nous avons intégrés à notre vie et qui par contre, ne faisaient pas partie de notre vie d’avant. C’est aussi une richesse que je n’oublie pas.


Cet article, m’a emmené bien plus loin que ce que je pensais. J’espère que vous l’aurez lu jusqu’au bout : et vous, comment avez vous créé votre chez vous en expatriation ? Si le sujet vous intéresse, je vous invite à aller lire les articles écrits et que j’ai mentionnés en premier et pourquoi pas revenir sur certains autres articles que j’ai écrits sur le sujet.

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16 Comments

  1. says: Isa

    Hello Isabelle,
    Je te suis régulièrement et je te lis très souvent mais je ne suis pas certaine d’avoir déjà commenté. Tout arrive donc…
    Cet article traitant de ton chez toi m’a particulièrement ému, peut-être même plus que les autres traitant également de ton expatriation. L’expatriation est un sujet que je ne connais pas mais qui me touche pour diverses raisons qui seraient longuettes à expliquer et pas du tout passionnantes. Pour faire bref, je n’ai pas de racines, sans pourtant n’avoir jamais quitté mon pays, la France (et d’ailleurs tient j’habite Lyon). Je ne peux pas dire que je ne me sente pas chez moi, bien évidemment, mais j’ai moi aussi toujours ce petit truc que je prends en pleine figure à un moment ou à un autre de mon quotidien et qui me rappelle mon état . Donc sans être expatriée, je comprends ce sentiment. Il y a dans ta liste des 5 étapes un sujet omniprésent mais que tu ne listes pas en tant qu’étape (en tant que telle), c’est la réussite de tes enfants. On comprend bien en te lisant que ton processus d’intégration n’a pas été un chemin facile et qu’il n’est d’ailleurs toujours pas fini. Tu poses la question en sous-titres : “avoir des racines ?”, la forme interrogative est intéressante d’ailleurs. De mon point de vue totalement extérieur, je peux te dire que tes racines tu es en train de te les créer (tout du moins t’en créer de nouvelles), toi-même, par la force de ta volonté. Tu n’es pas d’ici mais tu es chez toi à n’en point douter (même si tu préfères les Rockies au plaines, ton chez toi ne se limite pas au Kansas) et tes enfants sont là pour le prouver, il grandissent, murissent, étudient, font du sport et de la musique, réussissent… au Kansas et font ici ce que toi tu n’as pas fait en tant qu’expatriée, franchir toutes ces étapes d’initiation. Tu leur crées des racines, et à toi aussi du coup. J’aime beaucoup la photo que tu as choisie pour le titre, celle des immigrants montrant la terre promise. Tu ne montres plus du doigt la terre au loin, tu y est, tu es américaine et tu construis. Je te salue très amicalement et te souhaite une belle et longue route, tout en continuant à te lire.

    1. says: Isabelle

      Merci pour ce commentaire très profond. Oui les enfants j’aurais pu en parler mais il m’aurait encore fallu pas mal de place … j’en parlerai certainement un jour. Pour la photo ce n’était pas des migrants mais Lewis et Clarck : plutôt des explorateurs qui sont venus sur ces terres inconnues alors et ont traversé toutes ces plaines pour se retrouver côté Pacific ! merci encore : j’ai beaucoup aimé ta reflexion

  2. says: Odile

    Hello Isabelle,
    Cela faisait bien longtemps que je n’étais pas revenue sur une page entière de ce blog… m’étant habituée aux “extraits FB”, aux photos… Aujourd’hui j’ai lu l’article jusqu’au bout, j’ai relu et oui, je peux te confirmer que j’ai ce sentiment aussi, avec une expérience bien moins longue que la tienne, que même si nous faisons bien des efforts pour recréer des points de repères et tisser des liens dans nos pays d’accueil…. nous ne sommes pas tout à fait chez nous. Une différence de taille avec toi tout de même : nous sommes de notre côté rentré en Europe… notre chez nous est moins loin et bien souvent les paysage rencontres ici et la, les habitudes culturelles ne sont pas radicalement différentes de ce avec quoi nous avons grandi. La situation semble donc plus douce.

    Merci pour ces Confessions, au plaisir de te lire…. ce soir je vais reprendre ma lecture

  3. says: Audrey

    Isabelle, ton article me parle beaucoup. J’aurais pu en écrire certains passages. Je suis en Angleterre, pas vraiment le bout du monde, et pas de façon définitive et ça fait maintenant 3 et demi que nous y vivons. Il n’y a pas de Français où nous sommes. J’y ai travaillé, rencontré du monde, des amies formidables sur qui je peux compter mais il y a quelque chose, difficile à nommer qui fait que ce ne sera jamais le type d’amitié que j’ai pu créé avec d’autres personnes françaises ou étrangères. Comme tu le dis si bien, ça nous arrive en pleine figure. Alors ici point de Trump mais le Brexit… je n’ai pas envie de rentrer en France pour autant, je suis bien tentée par une autre expatriation, ce qui devrait se faire d’ailleurs. Nous repartirons pour 3 ou 5 ans, étrangers dans un pays d’accueil mais avec un environnement plus cosmopolite je l’espère. J’espère qu’au fil du temps l’horizon où tu te sens at home s’élargira au delà des champs qui t’entourent ou que tu pourras te rapprocher des montagnes. Merci pour cet article qui touchera le coeur de olain d’autres expatriés.

  4. says: Nath

    Bonsoir,
    Très touchant ce texte, et je comprends bien qu’il a du susciter quelques réflexions.
    Un chemin de vie ponctué par de nombreux déménagements depuis mon enfance, aux 4 coins de la France, plus d’une dizaine d’années de « saisons », et maintenant une deuxième expérience de vie a l’étranger, en famille.
    Cela me fait prendre la mesure du chemin que nous avons à parcourir… pour un jour peut-être « se sentir chez soi » . Où ? Je ne sais pas … pas sure que se soit une région, une ville. Je ne ressens aucun attachement la où j’ai pu vivre, sans doute pas eut le temps de prendre racine. Une chose est sure … ce lien que je partage également pour la nature, apaisant, ressourçant.
    Voilà de quoi amorcer une réflexion en ce qui me concerne, en ce qui nous concerne.

  5. says: Simonin

    Votre article est très très intéressant moi qui aurait toujours voulu émigrer aux USA cela m a un peu refroidi.
    Cordiales salutations de Suisse

    1. says: Isabelle

      Simonin ! merci beaucoup pour ce commentaire : chaque expérience est unique en fait et chacun le vit différemment. Cela depend de tellement de choses en fait

  6. says: ToddV

    Wonderful article and very thoughtful. I hope you get to Colorado one day. And, for myself, I am very disheartened by the rise of Trump.

    Todd V

  7. says: Emma

    Hello Isabelle,
    Je suis étudiante et j’habite en France depuis ma naissance. J’ai toujours souhaiter vivre à l’étranger (notamment aux US). Cela fait désormais quelques temps qu’avec une amie nous réfléchissons à partir nous installer en Californie pour finir nos études et commencer un nouveau chapitre de nos vies dans un pays qui n’est pas le notre. Ton article m’a permit de réaliser à quel point être une étrangère est compliqué pour se sentir chez soi dans un autre pays…
    Mais pourrais-tu me dire ce que tu penses que notre idée de partir de la France pour étudier aux US et si elle n’est pas trop difficile à réaliser selon toi ?
    Pense tu que le choix de la Californie soit le bon pour des étudiantes ?
    Merci pour cet article très intéressant.

    1. Merci pour ton commentaire : oui c’est une bonne idée mais il faut se faire accepter dans une université et donc remplir des dossiers et puis ensuite, il y a la phase visa : mais rien n’est impossible. Même près de chez moi il y a pas mal d’étudiants français et ils s’éclatent même au fin fond du Kansas : c’est peut etre plus facile d’ailleurs d’être accepté dans ces coins là que dans des universités en californie car en plus la vie est très cheres en Californie

  8. says: Carole

    Bonjour Isabelle,
    Tu as écrit cet article il y a un moment déjà mais je suis juste tombée dessus. Ton article m’a ému et je comprends ta position.
    Je suis tombée amoureuse d’un anglais quand je vivais à La Rochelle et je l’ai suivi en Angleterre à l’âge de 24ans. C’était il y a 21 ans… il est depuis devenu mon mari et nous avons deux adolescents maintenant. Je vis dans un petite ville anglaise depuis 12ans, j’y ai beaucoup d’amis (malheureusement aucun français), j’ai beaucoup de connaissances que j’apprécie et qui m’apprécient, j’ai un travail, une maison. Mais je ne me sens pas ‘chez moi’. Jamais. Mais c’est techniquement ‘chez moi’.
    Quand je rentre en France, je vais ‘chez moi’ dans la maison où j’ai grandi. Mais je ne m’y sens plus vraiment chez moi non plus car la culture change en 20ans. A 45 ans, je me retrouve entre deux cultures: j’oublie de plus en plus mon français (que je parle avec l’accent anglais apparemment), et je ne parle pas parfaitement anglais (que je parle avec un accent français). Mes enfants sont anglais, mes amis, mon mari et sa famille aussi. Tout le monde est agréable et gentil et m’accepte et m’aime, mais je me sens toujours à l’écart, en décalage malgré tout.
    Ton article m’a fait réfléchir. Est-ce indispensable de se sentir vraiment ‘chez soi’? Je ne sais pas; j’aimerais je suppose, mais les 20 ans d’expat m’ont fait oublié ce qu’est le sentiment ‘d’appartenance complète’; ma vie est entre deux pays, deux cultures, deux languages… et je n’appartiens à aucun. Et peut-être je dois m’y résoudre et faire la paix avec ça.
    En te lisant, je me suis rendue compte que je n’étais pas la seule à me sentir comme ça, et peut-être que c’est juste ma vie, notre vie! J’ai fait des choix dans le passé qui m’ont amenés où je suis aujourd’hui. Parfois, je me dis que j’aurais dû rester en France. Mais ma vie n’est vraiment pas si mal ici; ma vie aurait peut-être tourné mal si j’étais restée!? Qui sait…
    Être loin de ma famille durant 20ans, être toujours celle qui fait l’effort de voyager en France tous les étés (ma famille m’a rendu visite seulement quelques fois en 20ans), avoir raté des anniversaires, des baptêmes, des mariages, des funérailles, m’a peu à peu éloigné de mes racines. Je ne le voulais pas, car je suis très famille, mais ça s’est fait tout seul, avec les années.
    Je me sens seule parfois, incomprise de mon entourage anglais, incomprise de ma famille en France; mais c’est le prix à payer quand on est expat depuis de longues années, je suppose.
    Voyager et visiter des pays, oui! S’expatrier, il faut vraiment y réfléchir…
    Bref, merci Isabelle pour ce partage. J’avais envie de partager mon histoire sur ton blog, pour la première fois sur le net. Ça fait du bien.
    ‘Food for thought’😊
    Bonne continuation où que tu sois, 5 ans après avoir écrit ton article!
    Take care x

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