Réussir sa vie d’expat – le livre

Aujourd’hui, je vous parle du livre de mon amie Magdalena Zilveti Chaland : Réussir sa vie d’expat. Je reviens sur ces 3 aspects à ne pas négliger quand on part en expatriation. Je vous en ai fait un court résumé sur cet article : 3 aspects à considérer avant un départ et je suis revenue sur les aspects pratiques, en vous présentant le Guide Vivre les USA.

Réussir sa vie d’expat : Qu’est ce que cela signifie ?

Après un premier chapitre généraliste, Magdalena part ensuite dans des problématiques plus ciblées avec entre autre une première partie sur le fait de comprendre ce qui se passe en soi lorsqu’on part vivre ailleurs.

Elle s’attache ensuite à montrer que bien au delà d’un projet de vie, l’expatriation est aussi un projet à intégrer pleinement en conscience : on ne peut pas rester toujours dans le concret et ne s’attacher qu’aux détails matériels car l’investissement dans une vie expatriée, va bien au delà.

Réussir sa vie d’expat, c’est aussi réussir un voyage intérieur !

C’est aussi un voyage intérieur à faire soi-même et en famille, car tous les membres de la famille sont impliqués à un degré ou un autre. Le projet ne peut pas s’arrêter à un changement de situation professionnelle de la personne qui travaille au sein du couple, mais doit s’intégrer dans un choix de vie familiale. Ce changement va bien au delà d’un simple déménagement d’un point A à un point B. Toute la famille doit être partie prenante dans ce changement pour le vivre au mieux. Souvent, le conjoint accompagnateur a à se réinventer : il laisse sur place un job, une vie sociale et se retrouve souvent à ne pas pouvoir travailler : manque de garde pour enfants, voir même interdiction tout court de travailler. Le conjoint accompagnateur se retrouve à assumer la logistique de la maison mais peut aussi se retrouver complètement isolée socialement, faute de connexion (c’est un peu ce qui m’est arrivée au début au Kansas).

Réussir sa vie d’expat : les défis émotionnels à relever : du départ au retour, gérer son stress !

La seconde du livre partie s’attache plutôt à ce qui se passe sur la famille : l’impact sur la famille, dans le couple, et sur les enfants. Tous les âges y sont abordés et bien plus, Magdalena aborde le sujet par des exemples concrets et en citant des témoignages de personnes vivant ce défi.

Enfin dans une troisième partie, Magdalena analyse ce qu’implique l’expatriation au niveau professionnel puis finit par ce que cela implique au niveau des relations sociales.

Un indice !
Au centre : Réussir sa vie d’expat

Réussir sa vie d’expat : ce que j’en pense !

Je pense que ce livre est paru à temps. Alors, que vous êtes de plus en plus nombreux à vouloir vous expatrier, ce livre manquait.

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Ce livre, je l’ai vu grandir car étant assez proche de Magdalena, je l’ai suivi de près dans son cheminement, mais quand il est sorti, bien sur je me suis précipitée pour le lire. J’ai d’ailleurs retrouvé ma marque à plusieurs reprises (sans prétention, puisque je suis citée plusieurs fois et cela m’a rempli de joie : p138 et p227). J’ai eu la joie d’accueillir aussi Magdalena chez moi et elle nous a fait le plaisir de nous faire une conférence pour mes amies et moi, en petit comité.

Ce que j’en pense donc : chaque chapitre est présenté par une partie théorique, puis il est illustré par des témoignages, des textes. Enfin, Magdalena donne plusieurs conseils judicieux pour s’en sortir face à la problématique posée. Il se lit facilement. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à le lire. J’ai réalisé beaucoup en le lisant.

Réussir sa vie d’expat : du comment au pourquoi

Je pense que ce livre est essentielle car comme dit Magdalena, quand on est dans l’optique de partir, on est dans le comment : trouver les écoles pour les enfants, la maison qui nous accueillera, bref, construire son environnement, assurer la logistique. Ce cheminement, parfois, on commence à le construire avant par un voyage de reconnaissance. Malgré tout, on construit quand même son avenir sur de l’imaginaire. On est aussi souvent pris dans un tourbillon de choses à préparer : dire au revoir, mais aussi, préparer le déménagement. Personnellement, j’ai toujours eu beaucoup de mal à me projeter, presque incapable d’anticiper, ce qui à la fois me permettait de vivre l’instant présent, mais à la fois, ne m’épargnait pas à l’arrivée, n’ayant finalement rien anticipé.

Je me souviens dans quel marathon, nous étions avant de partir de Grenoble pour arriver en Californie. Dans les 10 jours avant le départ, nous avions fait 10 000 choses, du déménagement, au rendez-vous de visa à l’ambassade, mais aussi la clôture tous les comptes EDF, eau, le nettoyage, s’occuper des enfants etc… Le jour du départ, nous étions totalement épuisés, lessivés et écrasés par la tonne de choses que nous venions de faire. Notre vie entière était dans un container, nous étions tous les 6 avec nos valises. Nous, nous étions devant un trou noir, et un vide sidéral : notre nouvelle vie s’étalait devant nous.

En arrivant, j’étais à la fois devant un grand vide : tout était nouveau, tout était à découvrir : nouvelles têtes, nouvelles habitudes à prendre, notamment sur le plan alimentaire, mais aussi dans tous les recoins de la vie de ce nouveau pays. Bref, autant vous dire, que j’étais dans un brouillard intense, mais que je ne mesurais pas à quel point, j’avais besoin de mettre des mots sur ce que je vivais. L’aspect matériel était tellement prenant, que je n’ai pas vraiment saisi tous les bouleversements émotionnels dans lesquels nous plongions. J’ai revécu un peu cela en arrivant au Kansas, différemment certainement, car j’étais déjà habituée à certains aspects de la vie américaine, et que je n’avais pas à me positionner encore sur le fait d’avoir laissé ma famille, mon pays etc et mais c’était de nouveau, une découverte totale avec de nouveaux repères à se faire et de nouveaux défis pour la famille. Le choc culturel est d’ailleurs venu à ce moment-là : car cette fois-là, nous nous retrouvions sans connaître la moindre personne dans un environnement totalement américain : plus d’école française, donc plus de repère culturel.

Magdalena dans son livre revient sur beaucoup d’aspects auxquels on ne pense pas et auxquels pourtant, on est tous forcément confrontés :

  • comment se sentir chez soi ? à vrai dire, où est notre maison ? Cet aspect est très important car pour se sentir en sécurité, il faut se sentir chez soi, recréer un peu de ce que l’on avait. Cela fait un peu partie de la pyramide des besoins de vie. Le chez soi devient aussi important pour que les enfants s’épanouissent.
  • pourquoi est-on destabilisé par les changements : changements visibles quand il s’agit des habitudes de vies, les habitudes alimentaires : se réinventer en permanence mais aussi changements invisibles auxquels on n’a jamais été confronté, codes culturels que l’on ne saisit pas.

La connaissance du pays est importante, les codes culturels le sont aussi, pour mieux appréhender des situations de la vie courante. Mais la connaissance de soi est tout aussi importante : connaître ses propres valeurs permet d’accepter la différence, mais permet aussi de savoir jusqu’où on est prêt à aller dans l’acceptation de cette nouvelle vie.

voyage famille 1

L’expatriation est une magnifique opportunité d’ouverture et d’enrichissement personnel. Une découverte du monde, mais c’est aussi un cheminement, voire un voyage intérieur à faire : on ne sort pas indemne de cela : tout quitter, son pays, sa famille, ses amis, son chez-soi, sa culture. On emmène un peu de tout cela avec nous, mais il faut recréer aussi un endroit, un nid pour que tous se retrouvent bien et continuent le chemin, tout en ayant laissé un peu de soi-même sur la route. Oui, j’ai des regrets sur ce que j’ai laissé, mais j’ai aussi tant appris de cette expérience de vie.

Je n’en étais pas à ma première expatriation et je crois que lire ce livre nous aurait certainement aidé à appréhender autrement l’impact de cette nouvelle vie, sur nous mais aussi l’impact sur nos enfants. Car vivre pleinement et sereinement une expatriation permet aussi d’aider ses propres enfants à la vivre bien.. et c’est pas toujours gagné : C’est bien plus tard que je l’ai compris, surtout le jour, où ma fille aînée a écrit ce magnifique poème qui me fait pleurer à chaque fois que je le lis.

Migratory life

I think,

That I have spent more time,

Saying goodbye to people

Than getting to know them.

Watching life go by

From the sidelines.

Wondering:

Where I am going

This time?
Feeling the excitement,

That lifts up my stomach.

And the dread,

A sickening mixture,

Brewing in my gut.

Making me sick.

So pale,

I can’t recognize

Myself in a mirror.

2008:

New school,

In the middle of the year.

Lost.

Uprooted.

From France,

My home.

To another country.

Not realizing

What was happening

Until the plane

Left the ground.

An empty weight

Dropped,

Growing,

Sucking out all emotions,

The further away we flew.

I attempted to distract

My mind

With words and sounds

But they blurred together

And sleep refused to come

To shroud me in its comfort.

We arrived in San Francisco.

Rain was pouring from the sky.

That afternoon,

My mother drove through:

A storm

Of conflicting emotions:

Eyes focused on the road ahead

Fighting against

Nausea,

Lack of sleep,

Dizzying disorientation.

The world around us

Was drenched in tears;

Blurred the windshield,

And it made it hard

To see our surroundings.

That year

Loneliness

Weighed me down,

Constricted my chest.

The walls of my room

Closed upon me

As I escaped through books

And began to question my validity.

Spent my time,

Crying,

Hating myself,

For being

So pathetic,

Closing my eyes,

Imagining myself,

Elsewhere.

Just when I was beginning

To find a constancy

I have to leave it all behind

Along with the friendships

That I had finally managed

To form.

Thrown back into the torrent

Of a migratory life

Lost.

Confused.

In an ocean of unfamiliar

Faces and names

In Shawnee, Kansas.

Fingers Shaking

Terrified of having

To face

Loneliness again.

And it didn’t help

That for the fifth time

In a row

I was going

To a new school

My return to France,

Wasn’t what I expected.

I understood the language,

But I was out of phase:

A stranger in my own home.

It’s hard to accept that things,

Will never be the same,

That you can’t repeat the past,

And people change.

So I came back with a new perspective.

Life’s too short,

To waddle in self-pity.

Maybe instead of thinking

Of myself

As no longer

Having a home

I should begin

To think

Of myself

As having

More than one.

I can’t believe,

That it took me so long,

To realize,

All the things,

That I’ve seen,

And I’m only seventeen,

I’ve lived in three countries.

Speak two languages,

Have parents,

Who live,

To travel.

And contaminate me,

With their curiosity

How could I have been,

So ungrateful,

For so long ?

When a lot

Of people tell me

That I am so lucky.

I still haven’t figured out

Who I am.

Sometimes

I feel like a hybrid,

Caught between two cultures,

That I don’t quite fit into.

I still don’t

Know where I am going.

But now it comforts me

To not have my future,

Carved in stone.

Anything could happen.

And that gives me:

Hope and freedom,

To embrace everything,

That comes my way,

With its risks and rewards.

And to,

Always try.

To live on the bright side of the road.

 

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6 Comments

  1. says: Gwen C.

    Je l’achèterai forcément un jour ce livre… Mais nous avons encore quelques années à patienter…

    Je n’ai pas compris tous les mots du poème de ta fille, mais l’idée générale oui… Elle a su se poser les bonnes questions et rebondir, prendre le meilleur de la vie riche que vous lui avez offerte. C’est beau.

  2. says: Annem

    Tres chouette ce poeme. Ta fille a trouve les mots justes sur ce qu’elle ressentait.
    Nous aussi plongée depuis 1 an et demi au coeur de la vie américaine, je suis encore un peu dans la decouverte de certaines habitudes -tres eloignées de ce que nous connaissons-… Mais je ne reviendrais pour rien au monde en arrière de nos décisioins !

  3. says: melanie

    chere Isabelle, nos chemins se sont croises pour un cafe skype huiles essentielles. Je lis pour la 1ere fois la partie perso. Le poeme de ta fille est magnifique, poignant … et m’interpelle d’autant plus que nous venons de dire byebye a Pittsburgh et arrivons en ce debut janvier a Mexico city. Tout à recommencer en milieu d’annee, une nouvelle langue a apprendre, so much to discover but also to deal with. Tres belle nouvelle annee, bcp de projets et de customers ! Melanie

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