5 ans aux US … une tranche de vie …

Et oui, une tranche de vie .. 5 ans de vie américaine ! 5 ans cela se fête .. Il y a 5 ans, nous arrivions aux États-Unis par le vol Air France, Paris-San Francisco vers 15h30, heure locale. Nous posions nos valises dans la Silicon Valley. Nous arrivions un peu hébétés, complètement perdus à vrai dire, personne ne nous attendait.
Il faut dire que le temps n’était pas à la fête : c’est un énorme orage qui nous a accompagnés pour aller de l’aéroport à notre appartement meublé qui nous attendait.

La semaine d’avant avait été un peu folle : suspendue hors du temps. Nous avions vu partir toute notre vie dans un container, qui désormais voguait sur les mers. Il avait fallu laver, nettoyer la maison que nous laissions, amener les enfants chez les grand-parents, pendant que nous filions à Paris pour les dernières formalités de visa à l’ambassade des États-Unis. Puis, après 24h dans la capitale, les choses s’étaient précipitées. De Grenoble, j’étais retournée chercher les enfants à la montagne, sauf qu’il avait neigé et qu’au lieu de mettre 2h30, j’en avais mis 5h en passant par toutes les petites routes entre Grenoble et les Hautes-Alpes. Au retour, après avoir dis au revoir, je m’étais fait arrêter par la police : excès de vitesse.. J’avais un gros noeud au fond de la gorge.. Le soir, c’était Halloween et le lendemain, levée à 4h du matin pour aller attraper le premier avion..

Nous étions le 1er novembre 2008.

5 ans c’est énorme surtout dans la vie d’un enfant : les souvenirs de mon petit loup sont presque exclusivement américains.

Alors qu’est ce qui a changé dans notre vie ? peut-être tout…

Notre perception de tout : de notre pays, de notre pays d’accueil bien sur, du monde … On n’appréhende plus la vie de la même façon, à vrai dire, nous n’avions jamais pensé à quel point cela changerait notre avenir et celui de nos enfants. Nous ne savions pas combien de temps nous partions ..
Bien sur, sur le papier, c’était pour une durée déterminé, mais en réalité, déjà, nous ne savions pas. Par la suite, nous avons fait des choix et nous nous sommes retrouvé là, ici au Kansas .. mais c’est une autre histoire.
Après 5 ans, nous nous sentons détachés de notre pays, mais certainement pas complètement prêts à nous attacher à notre nouveau pays. Le dilemme de  l’expatrié*, c’est finalement de ne plus savoir à quel pays, il appartient. Entre deux, avec notre bagage de français, mais aussi un petit peu de cette nouvelle culture.
Et pourtant, je suis la première à revendiquer ma culture et à la mettre en avant. A lutter tous les jours pour que nous maintenions les valeurs auxquelles nous tenons, mais en sachant pertinemment, que nous en avons laissé certaines de côté. Lesquelles exactement, je n’en sais rien : ce sont des petits rien qui jour après jour se sont accumulés, pour donner ce que nous sommes maintenant.
A vivre loin, nous avons pris de la hauteur mais nous nous sommes aussi éloignés de la réalité. Une vie en marge de tout .. une vie d’immigrés .. d’expatriés …
Quand je regarde tout ce que nous avons accompli pendant ces 5 ans, je me dis que le chemin est énorme.
Tant de nouveaux amis rencontrés, tant de nouveaux endroits explorés, des milliers de kilomètres sur les routes, et encore tant à faire, à vivre et à voir …
* : note : nous sommes arrivés expatriés, mais depuis 3 ans et demi, nous sommes résidents.
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10 Comments

  1. says: Carine

    Je pense qu’après plusieurs années d’expatriation on devient – même si les racines restent – un mélange des cultures. Avais tu fait un blog sur les 3 premières années ?

  2. says: Marie

    Et bien…. Ça n’a pas dû être facile, mais à te lire chaque jour et plus particulièrement dans cet article où tu fais une sorte de petit bilan,ça en valait le coup. Non ? Enfin, c’est ce que je ressens à te lire. Bien que ça ne doit pas être si évident que ça de se dire que les souvenirs de son petiot son exclusivement américain, je ne sais pas ?
    Bon expatri-anniversaire ! 😉

  3. says: Anonymous

    C’est marrant, moi je suis de Belgique, et il y a beaucoup de chose que je critique en Belgique et en Europe, je fais des études de business management, donc on m’a appris à analyser et a apprendre à connaitre pour savoir critiquer.
    Et je sais que dans mon coeur je suis américaine, ca peut sembler bizarre mais je trouve que beaucoup de gens ne les comprennent pas, les critiques, alors qu’il suffit de revenir un peu en arrière dans l’histoire pour comprendre pourquoi ils attachent tant d’importance à la liberté et que cette caractéristique est surement celle qui les définit le plus…
    Je termine mes études tout en étant reconnaissante de la chance que j’ai de faire de si bonne études et ce à un prix raisonnable. Mais je sais qu’un jour je rejoindrais cette communauté qui me correspond et que je vivrais la vie avec toutes ces choses qui pour moi ont tant d’importance mais qui ici, malheureusement n’en ont aucune…

    1. et bien moi à vrai dire, j’ai du mal à comprendre comment on peut dire qu’on est américaine dans le coeur quand on ne connait pas .. on n’a pas idée des différences … aucune …

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