Bilingues malgré eux…

Bilingues malgré eux .. et oui, mes 4 enfants sont bilingues…
Ils le sont devenus un peu malgré eux et surtout à cause de nous.
Ca fait rêver .. même moi cela me fait rêver car de mon côté, même si j’ai fait d’énormes progrès, j’ai parfois encore du mal à me faire comprendre et à m’exprimer complètement. Il y a du mieux, mais cela ne sera jamais comme eux : je parle aisément mais après un moment, on me demande toujours d’où vient mon accent.
Ma grande grande, Mahaut*, c’est à 4 ans, qu’elle a commencé : nous étions arrivés à Taiwan. Elle avait passé sa première année de maternelle à l’école française, et nous nous sommes dit que c’était trop bête et qu’elle pouvait apprendre tout simplement en allant à la British school. Les 3 premiers mois ont été rudes pour elle et un jour, je l’ai surprise à parler .. je n’en revenais pas …
Ma grande puce, Amy*, était allée ses années de crèches dans une petite école chinoise, c’est le chinois qu’elle comprenait et nous l’avons fait basculer dans une preschool américaine, l’année de ses 3 ans (elle n’avait pas l’âge requis pour rentrer chez les british, étant de décembre). En 2 mois, elle avait oublié tout son chinois…. et au bout de quelques mois, mes deux grandes avaient chacune leur accent et leurs expressions .. trop drôle.
Ma petite puce, LiMing, était née à Taipei et comme je travaillais, elle allait dans une autre crèche chinoise… là-bas, elle n’y sera restée que la première année de sa vie. A-t-elle des souvenirs ? Je n’en sais rien.

En 2003, nous rentrions en France à Grenoble et la problématique changea : il nous fallait leur faire garder leur anglais car autant un enfant apprend vite une langue, autant, il la désapprend vite…

A Grenoble, où nous sommes arrivés, il y avait une école publique dite internationale : 4 heures d’anglais par semaine à un niveau assez soutenu.
Par contre, il a fallu jongler pour Amy, elle devait attendre un an avant d’entrer au cp… un an à essayer de lui entretenir son anglais. Ce ne fut pas vain puisqu’elle réussit à rentrer en Cp en section anglaise. La concurrence était rude malgré tout et les places rares.
Nous avions donc deux grandes bilingues ou presque, et deux petits qui ne l’étaient pas. (le 4ème était né entre temps)

Après 5 ans d’interlude, on sentait que malgré tout, leur niveau d’anglais s’essoufflait.

La suite logique pour Mahaut était d’intégrer le collège international de Grenoble en section anglais : un petit coup de pouce était alors nécessaire. Et pour préparer plus spécifiquement l’examen, nous sommes allés ensemble à Malte, pour qu’elle prenne des cours de manière plus intensive. Nous avions choisi Malte, car nous voulions du SOLEIL et que ce n’était pas les écoles qui manquaient. Malte, c’est très chouette et très sympa et on parle anglais là-bas : une bonne alternative pour les voyages linguistiques d’anglais.

Elle a intégré le collège international en 6ème.

… et un an plus tard, nous sommes partis en Californie en expatriation.

L’arrivée en Californie n’a pas été synonyme de plongeons dans les écoles américaines, c’est l’année d’après, que les deux grandes ont basculé dans le système complètement américain, même si dans leurs écoles, l’anglais y avait une place prépondérante. Elles sont donc dans le système américain depuis 2009.

Pour les deux plus petits, cela a été complètement différent :

Ma petite puce, LiMing, a commencé l’anglais en arrivant en Californie en CP à l’école franco-américaine (moitié programme en anglais, moitié en français).
Quant à mon petit loup, en entrant à l’école franco-américaine, il a commencé à entendre l’anglais à 3 ans à mi-temps. Nous avons eu de très intéressantes discussions avec la maîtresse de mon petit loup, ici au Kansas, qui n’avait pas souvent été confrontée à des petits enfants ne parlant pas anglais à la maison : elle avait remarqué, que ces enfants étaient beaucoup dans l’observation, ne comprenant pas toujours tout, ils adoptent une stratégie pour comprendre. Cela doit leur demander beaucoup d’énergie…

Arrivés l’an dernier dans le Kansas, c’est tout le monde dans le système américain ..

Au Kansas, la tendance s’inverse donc : IL FAUT GARDER LE FRANÇAIS … donc à la maison, nous ne parlons que français et il y a une règle simple : ON NE MELANGE PAS LES 2 LANGUES.
Alors, quand nos langues fourchent (et cela arrive aux petits comme aux grands) et que nous plaçons un mot d’anglais francisé dans une phrase en français, j’arrête tout de suite et demande à mes enfants de chercher le mot français correspondant … ce n’est pas toujours facile car pour certains mots, ils ne connaissent pas l’équivalent en français … mais on cherche en famille et cela nous fait même rigoler parfois…
Voilà, notre quotidien de déracinés… car oui, le français n’est parlé qu’à la maison, mes 4 enfants ne rencontrent aucun autres enfants français ici au Kansas..

Il y a juste mon petit loup qui a des copains français de son âge … et quand ils se rencontrent assez rarement … ils ne parlent que anglais entre eux… c’est devenu leur langue de jeux.. et son anglais est presque meilleur que son français.

Conclusion : Dans un sens ou un autre, il n’est pas toujours facile de garder une langue. Le seul moyen est de la pratiquer tous les jours. Un enfant apprend très vite et désapprend très vite de manière passive. Chaque enfant a son aptitude à apprendre et à construire son language, et si j’ai juste deux conseils à donner :

  1. ne jamais mélanger les langues et faire l’effort d’employer les mots de sa propre langue,
  2. parler à son enfant dans sa propre langue car l’enfant apprend ce qu’il entend : et nous adulte, nous n’aurons jamais le bon accent.

Voilà notre histoire, et vous avez-vous des expériences de ce genre à nous faire partager ???

Notes : 
* : prénoms fictifs.
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7 Comments

  1. says: French Lily

    Même problématique pour nous.

    Pour le moment, les filles vont à l’école anglaise car même si nous sommes dans un milieu anglophone, elles ne pourraient pas le maitriser parfaitement. Je ne veux pas qu’elles parlent comme nous un “anglais de rue”, mais qu’elles le maitrise parfaitement à l’écrit comme à l’oral.

    À la maison, on parle français, on insiste, et on corrige. Nous ne voulons pas qu’elles perdent le français, ni qu’il devienne lui aussi un “français de rue ou franglais”. On ne mélange pas les langues. Les lectures avant le dodo sont parfois en français, parfois en anglais.

    Pour la scolarité, éventuellement nous réviserons selon le milieu et leurs “faiblesses”. Notre formation d’enseignant et notre intérêt pour le homeschooling pourraient nous amener à leur donner nous-même une partie de l’enseignement… sinon, ce sera l’immersion ou l’école française. Comme nous déménageons aux deux ans, nous pouvons réajuster le tire à chaque fois. 🙂

    Mais c’est une question très délicate qui soulève tellement les passions! Peu importe le choix, il y aura toujours quelqu’un pour nous blâmer 😉 Au Canada du moins…

  2. says: Tiphanya

    Sans chercher à polémiquer (et n’ayant pas d’avis très arrêté sur la question), Chomsky a écrit de très intéressants articles sur la “grammaire” et l’apprentissage précoce des langues en considérant que l’enfant (en bas âge donc en principe avant 5 ou 7 ans mais il faudrait relire les article)s corrigent d’eux-même les erreurs phonétiques et grammaticales et que donc si le besoin s’en fait ressentir (entretenir l’anglais en France par exemple), il est tout à fait possible de parler une autre langue que sa langue maternelle et obtenir de très bons résultats.

    1. possible : je ne sais pas : à condition de bien la maitriser et en tout cas en ne jamais mélanger les langues : quand j’étais prof à Taipei, j’ai vu des enfants de 12 – 13 ans qui étaient complètement perdus car ils mélangeaient les langues, les synthaxes etc … leur mères leur parlait soit en français soit en une autre langue… Moi en tout cas, je n’aurais jamais parlé anglais car j’estime que mon niveau n’est pas assez bon … d’ailleurs c’est eux qui me corrigent mon anglais …

    2. pour rebondir aussi sur ton commentaire : des amies avaient des bonnes philippines qui gardaient leurs enfants à taipei : ces enfants prenaient en général l’accent philipins. un enfant apprend ce qu’il entend et ne peut pas vraiment inventer et corriger …

  3. says: Odile aux US

    Hello,

    de notre cote, 1ère expat aux US depuis la France :

    – pour notre fille entrée en 3rd grade dans une école 100%US même si certaines personnes du corps prof parlent un peu de français et ont aide le 1er mois.0 background anglais pour elle mis a part l’initiation prodiguée en France en CE1, c’est a dire les couleurs, compter jusqu’à 10 et apprendre une comptine… seule chance pour elle, la prof était une anglaise, donc au moins l’initiation se faisait avec un bon accent.

    – pour notre gars, problématique différente, entrée en école US en 1st grade, c’est a dire qu’il a su lire anglais avant de lire bien en français.

    Pour les 2, sept, oct nov, la 1ère année ont été un enfer a l’école et a la maison, car il a fallu traduire les devoirs du soir aussi ! D’autant plus pour notre fille car en 3rd grade on commence a faire des rédactions, les prof accordent une grosse importance a l’orthographe… Seul avantage, elle a charme tout le monde car ses cursives étaient parfaites et elle adore ça et son travail toujours très propre (ce qui n’est pas vraiment la priorité ici !)

    En décembre, ils étaient tous 2 quasi-bilingues, et en mars de la 1ère année, les gens commençaient a nous dire partout qu’ils n’entendaient plus leur accent français ! …d’autant plus chez le plus petit qui a finalement appris a lire très vite en anglais et qui, comme il était assez débrouillard a aussi appris en français (certes, les liaisons ce n’est pas ça, mais bon !)

    Nous avons donc vite décidé durant cette 1ère année de garder une règle claire : on parle anglais avec les copains, on parle français a la maison; de plus j’ai continué a faire venir plein de livres en français afin qu’ils puissent trouver des nouveautés en permanence et garder le gout de la lecture bien de chez nous, que ce soient des BD’s des magazines, des j’aime lire.
    en revanche j’ai abandonne de faire des devoirs du soir additionnels en français pour garder le niveau (en bonne mère inquiète !j’avais souscrit au CNED…qui s’avère être un module nécessitant un plein temps !).

    Cette 2eme année est un peu différente. Nous avons réussi a plusieurs familles a faire venir a l’école, en échange, un jeune Instit, tout juste diplômé de la Catho d’Angers. Il travaille avec les enfants 2 par 2 tous les jours 40 minutes et ils ont des devoirs à la maison….. les enfants ont eu du mal a ingurgiter la “charge” additionnelle, (parce qu’en bon français, il est le seul a donner des devoirs le WE – oh pas grand chose !-_mais ils font des progrès en ortho et en conjugaison de façon spectaculaire. J’espère que nous pourrons continuer ainsi l’an prochain, car même si j’ai conscience qu’ils n’ont certainement pas le même niveau en français écrit que leurs copains parisiens, je me dis que cela sera aisément rattrapable.

    Au final, je ne regrette pas du tout l’immersion totale de la 1ère année….même s’il n’a pas été facile de rentrer l’été dernier en France en expliquant aux Mamie’s pourquoi les enfants jouent entre eux tous les 2 en s’exclamant en anglais.
    A la maison, nous continuons a nous battre pour un français correct , on reprend et on SE reprend nous-mêmes a chaque mot qui nous échappe….Etienne a bien du mal avec 2 expressions en particulier… il utilise toujours USE plutôt qu’UTILISER et MONEY a la place de l’ARGENT !

    maintenant j’ai un autre combat….le programme d’Histoire Géo, ici appelé Social Studies… c’est a dire que quand on va rentrer en France, les natives américains ne seront pas au programme ! Je commence donc a orienter les lectures sur des personnages historiques français ou européens… La revue HISTOIRE JUNIOR pour les 10-15 est super intéressante !

    merci très sincèrement pour cet article,

    1. de rien, c’est sympa et merci pour ton témoignage .. c’est vraiment bien : c’est aussi bien de pouvoir se regrouper avec des familles pour continuer l’enseignement en français (cela se fait beaucoup dans la Silicon Valley vers San Francisco). De notre côté, ici, je n’ai rien pu monter : les français que je connais sont trop loin.. alors, Ma 2nd fait le CNED avec moi et le petit dernier commencera l’an prochain /… mais c’est trop dur pour le reste … tant pis … je me dis que ils prennent, la culture là où elle est … et on rattrapera après ou pas … merci pour l’info, je vais aller voir cette revue …

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